Ces dernieres semaines n’ont pas été de repos.
La vie a changé dans mon pays. Completement et irréversiblement. Il n’est pas pessimiste de dire que les choses ne seront jamais plus comme avant. C’est une observation purement réaliste.
Comment pourrait il en etre autrement de toute facon? Maintenant qu’on a tous vu des personnes se faire bruler vives, un crane defonce par une brique, une vieille amputée par des obus largués sur un marche en plein jour, des militaires en train de depouiller des passants et de voler un véhicule.
On a vu tout ca en video, mais pensez que pour ceux qui y vivent et qui ont assisté a ces évenements IRL, l’horreur vécue est surement indiscible.
Et depuis tout ce temps, je vis dans la peur totale et la culpabilité. Culpabilité que je profite d’un instant de quiétude, de bonheur pendant que les miens souffrent, et peur qu’a l’autre bout du fil, personne n’arrive a me rassurer qu’ils vont bien, la bas , planqués sous les lits entre le survol des hélicos et le bruit des balles, pendant que je me plains que le printemps tarde trop a arriver.
Je vous assure, il m’a manqué d’etre une bloggueuse triviale, qui s’extasie devant la Conscious collection et vous raconte sa derniere trouvaille, a savoir le rouge a levres Presque tout a fait parfait, mais j’avais l’impression que laisser libre cours a ces petites choses qui me rendaient un peu heureuse etait d’une indecence monstre vis a vis d’eux.
J’ai passé la semaine derniere l’anniversaire le plus triste autant que je puisse me souvenir, et meme si je suis tres reconnaissante du bonheur qui m’est accorde quotidiennement et de la grace que j’ai de pouvoir vivre aupres de mes deux etres chers, je n’ai pas pu occulter les tourments que les uns et les autres ont vécu, vivent et qui malheureusement leur restent encore a vivre dans ce pays.
Et pendant que je me tourmente, les uns se rejouissent que leur president soit enfin president, et d’autres pleurent que le leur ait ete montrer decheant devant les cameras du monde entier.
Meme sans etre sympathisante d’un mouvement ou de l’autre, j’ai mon opinion sur la situation et sur chacun de ces personnages, mais je la tais. Parce que rien de tout ceci n’aidera a construire l’avenir!
Alors a tous les suiveurs d’un cote comme de l’autre, j’ai envie de dire “mon oeil” pour rester polie (mais vraiment je pense autre chose)!
Ni les cadavres qui jonchent les rues, ni nos familles en sursis dans notre Abidjan qui sort timidement de sa léthargie ne seront soulages de savoir que les balles qui les ont perdus ou les pillards qui les ont visités étaient le fait d’un Laurent Gbagbo ou d’un Alassane Ouattara.
Arretez moi si je me trompe!
Et qu’on arrete de faire commerce de la haine.
Je suis assez realiste, et cynique pour croire qu’il ne faille pas ignorer la haine.
Apres tout ce qui s’est passé, la haine est un sentiment normal, et la dénier ne ferait qu’aggraver la situation.
Si tous les jours depuis le debut de cette crise, je me demandais si ma maison deviendrait mon tombeau, personne ne pourrait m’empecher d’avoir la haine.
Si j’avais ete contrainte a fuir dans la brousse laissant mes voisins malades et immobiles au fond d’une case pour sauver ma vie, personne ne devrait m’empecher d’avoir la haine.
Si mon pere ou ma mere avaient ete battus a mort et abandonnes comme des chiens errants dans un caniveau, personne ne m’empecherait d’avoir la haine.
Mais au dela de cette haine et de ce ressentiment, il faut que nous arrivions à voir ce qui nous lie tous.
Ce pays, et l’amour que nous lui portons, ce pays, et l’avenir que nous lui desirons.
Que cet amour de notre Cote d’Ivoire prime, et nous saurons vaincre la haine.
Ce ne sera pas chose facile, mais perdre notre Cote d’Ivoire plus qu’elle ne l’est déjà, et un risque que nous ne devrions prendre.
Heureusement dans toute cette folie, plusieurs personnes ont reussi a me faire garder espoir que nous y arriverons.
Les benevoles d’Akendewa et leur hashtag #civsocial, et le groupe AIDE TON VOISIN EN COTE D’IVOIRE, qui dans un formidable elan de solidarite ont relaye (et continuent d’ailleurs!) appels de detresse, informations utiles, precautions sanitaires, consultations medicales et j’en passe, a leurs concitoyens dans le besoin.
Je ne vous dirai jamais assez merci pour votre generosite et pour cette lecon d’humanite! Et on est ensemble pour la suite! 😉
P.s: La vie legere va reprendre son cours par ici. Et la situation en Cote d’Ivoire va reprendre sa place dans mon coeur, et aupres de toutes ces choses que je ne partage pas necessairement sur mon blog.
Chacun son metier et les vaches seront bien gardees!
P.s.s: C’est truffe de fautes, mais je vous promets que je ferai une petite relecture dans la soiree! Bisous!
je me reconnais dans ce texte ! ce sentiment de culpabilité , de ne pas ressentir la douleur des siens et pourtant ! ne pas dormir la nuit ou ne pas s’empêcher de sursauter quand le téléphone sonne ! en espérant une amélioration de la situation et surtout retrouver un jour la côte-d’ivoire de mon enfance !
Tu sais Cynthia, tu as raison. Toi tu vis la situation de l’intérieur, je veux dire tu as de la famille là-bas. Des gens comme moi, on commente facilement, on prend partie mais on ne perd personne…..
J’espère vraiment que ton désir d’amour, de paix se réalise pour ta famille et ton pays!
@Melissa et Josee: Que Dieu vous entende!
j découvre seulement ton blog today et j suis ss le charme ça fait deja plus d’une heure que j parcoure les art sans me lasser……PS trop tard pour commenter l’ article mais je suis fiere de savoir qu’ aussi loin que nous soyons la CI nous la portons ds notre coeur .Je prie pr retrouver la CI d’antan dont ts ivoiriens parle avec tellement de nostalgie.
@ann: Ton commentaire m’a fait sourire jusqu’aux oreilles, merci! ET il n’est jamais trop tard pour des mots de réconfort 😉 Très bonnes fêtes de fin d’année, bises